Hommage
aux Voyager & autres sondes spatiales
Ainsi
que vous l'avez constaté de nombreuses pages
de ce site sont richement illustrées. Elles rendent
implicitement hommage aux missions Apollo, aux
observatoires embarqués ainsi qu'aux sondes spatiales
Cassini, Clémentine, Galiléo, Giotto, Hubble, Iras, Lunar
Orbiter, Mariner, Mars Global Surveyor, Pioneer, Soho,
Trace, Ulysse, Voyager et bien d'autres encore.
Dans
le cadre de cette extraordinaire aventure spatiale, ces
sondes ont accompli une tâche monumentale, remplissant
leurs missions au-delà de toutes les espérances.
|

|
Peu
de gens se rendent compte que ces sondes spatiales ne sont pas
lancées dans l’espace comme on jetterait une bouteille à la
mer. Elles font partie d’un système de communication sophistiqué
alliant une sonde d’exploration in situ et des stations
terriennes de poursuite.
Les
installations du réseau Deep
Space Network de la NASA, situées en Californie, en Australie
et en Espagne sont des composantes tout aussi critiques que les
sondes elles-mêmes. C’est le Jet Propulsion Laboratory, JPL,
installé en Californie à Pasadena qui, sans cesse, améliore ce
système en lui ajoutant de nouveaux récepteurs et des antennes
plus sensibles. Ces améliorations ne peuvent toutefois pas
compenser la perte graduelle de la puissance d’émission des
sondes spatiales à mesure qu’elles s’éloignent de la Terre.

|

|
A
gauche, le radiotélescope de 42m de Green Bank,
l'une des stations relais entre les sondes
spatiales et les salles de contrôle du réseau
Deep Space. A droite la salle de contrôle de la
navette spatiale.
|
|
Afin
de conserver une réserve de puissance pour des corrections éventuelles,
la vitesse de transmission de Pioneer 10 par exemple a été réduite
à 16 bits par seconde, une vitesse plus lente que le débit
d’une conversation ordinaire. Disposant d’un émetteur
fonctionnant à une fréquence plus élevée et d’une antenne
terrienne de 34 m de diamètre, Voyager communique avec la Terre
dix fois plus rapidement. Les communications restent toutefois
beaucoup plus lentes que la plupart des modems qui équipent les
micro-ordinateurs.
Sommet
de la technologie des années 1970, Voyager pèse 825 kg, répartis
entre son immense antenne parabolique de 3.7m de diamètre, une électronique
et des senseurs sophistiqués et quatre générateurs thermoélectriques
(RTG) capables de produire au décollage une puissance de 470
watts, trois fois supérieure à celle de Pioneer.
 |
 |
Le
télescope Hubble observant le ciel profond.
|
SOHO
face au Soleil.
|
 |

|
Cassini-Huygens
débarque sur Titan
|
Giotto
rencontre Halley
|
 |
 |
Cluster2
à l'écoute du géomagnétisme
|
Yohkoh
surveillant le Soleil
|
|
Documents
ESA et
T. Lombry
Voyager
fut télécommandé jusqu'à plus de 4.5 milliards de kilomètres
de distance, avec un temps de réponse qui atteignit 4 heures.
Parcourant 1 UA tous les trois mois, la puissance des
transmissions, de 20 watts à l'émission, arrivent à présent
sur Terre avec une puissance réduite d'un facteur 1018...
Les techniciens ont calculé la trajectoire de Voyager 2 avec une
précision "sur site" de 30 km, une ponctualité de 10
minutes et l'orientation de son antenne fut précise à 0.05° près
!
En
1992-1993, signes avant-coureurs de leur évasion, Voyager 1 et 2
ont enregistré les bruits provoqués par l’onde de choc du vent
solaire sur l’hélio pause qui marque la frontière entre le système
solaire et l’espace interstellaire. Au tournant du millénaire
on a estimé que cette limite se situait encore 40 UA devant les
deux sondes. Aujourd'hui les deux Voyager manquent d'hydrazine
pour modifier leur trajectoire. Si l’oxyde de plutonium de leur
générateur présente une demi-vie de 92 ans, les thermocouples
qui convertissent cette énergie en électricité vont se dégrader
beaucoup plus rapidement jusqu'à ce que le signal émit tombe
sous le seuil de sensibilité des instruments. Mais vers 2020,
longtemps avant l'épuisement du plutonium, la première ressource
qui viendra à manquer aux deux sondes spatiales sera la lumière
du Soleil. Aux yeux de nos caméras embarquées, notre étoile
sera indiscernable dans le firmament. Le JPL et les stations
terriennes de poursuite perdront alors tout contact avec les
Voyager et autre Pioneer.
Les
positions des sondes Pioneer et Voyager en l'an 2000.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Document NASA/JPL.
|
Aujourd’hui
voyageant à plus de 13 km/s (47000 km/h) les sondes Pioneer et
Voyager continuent de voir le Soleil comme une étoile brillante
et continuent d’ajuster leur position, se balançant de si de là
en allumant leurs petites fusées pour orienter leur antenne et
transmettre leurs informations aux stations de poursuite
terriennes. Car
leur activité n'est pas encore achevée. D'ici là, fidèle à
leur mission, les deux sondes continueront à transmettre de précieux
renseignements sur le milieu interplanétaire.
En
2001 après 8 mois d'efforts le signal de Pioneer 10 fut détecté
près d'Aldébaran dans la constellation du Taureau par l'antenne
du Réseau Deep Space de Madrid. La sonde alors à 78 UA, deux
fois la distance qui nous sépare de Pluton, émettait avec une
puissance réduite à un milliardième de trillion de watt (10-21
watts). A la plus grande joie de son créateur Herb Lassen de la
société TRW, Pioneer 10 vivait toujours depuis son lancement en
1972, alors que sa garantie était depuis longtemps périmée, ne
le couvrant que 21 mois !

|

|
Pioneer
11 aujourd'hui et... dans un lointain futur.
Documents NASA et Adolph Schaller.
|
|
Vers
2005, lorsque Pioneer 10 sera à plus de 90 UA du Soleil, et vers
2020 lorsque Voyager 2 sera à environ 130 UA du Soleil, les deux
sondes spatiales enverront leurs dernières observations sur le
milieu interplanétaire. Il se peut alors que l'on découvre cette
hypothétique planète X ou l'étoile Némésis qui semble
perturber les trajectoires des planètes géantes. Elles
rencontreront ensuite la fameuse onde de choc de l’hélio pause.
Ce passage sera marqué par d’importants signaux radioélectriques
permettant aux physiciens de recueillir de très intéressantes
informations sur cette région lointaine inexplorée. Au-delà de
150 UA du Soleil, les sondes pénétreront dans le grand vide
silencieux de l’espace interstellaire.
Beaucoup
plus tard, dans 20000 ans à 1 année-lumière de la Terre, les
deux sondes atteindront le nuage de Oort, berceau des noyaux cométaires,
qu'elles traverseront espérons-le sans encombre. Ce n’est que
dans 4 millions d’années, en parcourant 2.5 UA par an, que
Pioneer 10 passera dans la banlieue des étoiles de la
constellation de l’Aigle. Avec un peu de chance, dans 40000 ans
Voyager 1 atteindra l'étoile AC+79.3888 dans la constellation de
la Girafe tandis que Voyager 2 croisera l'étoile Ross 248
d'Andromède.
Poussières
d’étoiles, épuisées, déviées de leur trajectoire,
si elles ne sont pas happées par l'attraction d'une étoile,
ces sondes continueront à s'enfoncer dans la Voie Lactée
à 27 km/s, subissant une lente dégradation par le
rayonnement cosmique et les poussières.
La
plupart des sondes spatiales envoyées vers les planètes
géantes existeront probablement encore lorsque nos
descendants feront le premier pas vers les étoiles.
Mais elles seront hors d'atteinte, invisibles. Uniques
objets construits de la main des hommes destinés au
long-court galactique, pendant des éons nos vaisseaux
voyageront comme les premiers aventuriers, sur de frêles
embarcations perdues dans une mer infinie. Dérivants,
égarées dans les cirrus interstellaires, notre seule récompense
sera d'avoir lancé dans ce vaste océan cosmique les
seules oeuvres d’art du génie humain dignes d'un
voyage sans fin en quête de connaissances...
|

|
Herb
Lassen, le designer de Pioneer 10 peut poser fièrement
devant son chef d'oeuvre. Document TRW.
|
|