"Les Misérables": Gérard Depardieu en image d'Épinal

PARIS (AP) — Après s'être glissé dans la peau de Danton, Cyrano de Bergerac, Christophe Colomb, Obélix, Monte-Cristo, Balzac et bien d'autres, Gérard Depardieu inscrit un nouveau nom au bas d'une longue liste de personnages mythiques, en incarnant aujourd'hui pour la télévision Jean Valjean, le bagnard en quête de rédemption des "Misérables".
 
 On ne compte plus les adaptations, plus ou moins réussies, sur le grand comme le petit écran, de la fresque révolutionnaire de Victor Hugo. Harry Baur, Jean Gabin ou Lino Ventura ont, tour à tour et parmi d'autres, endossé les guenilles de l'ancien forçat.
 
 Si la version réalisée par Josée Dayan -diffusée sur TF1 en quatre épisodes à partir de lundi- ne brille pas par son originalité, elle s'appuie sur une reconstitution soignée (malgré un décor très "visible") et une étonnante distribution internationale. On y rencontre ainsi John Malkovich (Javert) et Virginie Ledoyen (Cosette), Christian Clavier (Thénardier) et Jeanne Moreau (mère Innocente) ou encore Asia Argento (Éponine).
 
 L'histoire quant à elle n'a plus de mystère. Condamné au bagne, Jean Valjean se fait un ennemi juré de l'intransigeant inspecteur Javert. Libéré, il part sur les routes de France, en portant l'infamie de sa condition d'ancien forçat, jusqu'à sa rencontre avec le bon évêque de Digne, Mgr Bienvenu, qui lui offre ses chandeliers et l'amène à vouloir se racheter.
 
 Sous le nom d'emprunt de M. Madeleine, il fait fortune et administre la ville de Montreuil-sur-Mer, où survit la malheureuse Fantine (Charlotte Gainsbourg), une fille-mère contrainte par la misère à laisser sa fille Cosette en nourrice chez un couple d'aubergistes aussi méchants que cupides, les Thénardier.
 
 Après maints tourments, Fantine meurt sans avoir revu sa fille, que Madeleine/Valjean lui a promis de recueillir. Poursuivi par Javert, il s'enfuit avec la fillette et se réfugie au couvent de Picpus, à Paris. Les soeurs se chargent de donner une éducation à Cosette, qu'elles destinent au noviciat.
 
 Les années passent... Avec l'accord de son père, la jeune fille accomplie préfère le monde au voile et rencontre le jeune Marius, un étudiant idéaliste (Enrico Lo Verso, le frère de "Farinelli").
 
 La ville frémit alors des premiers souffles révolutionnaires et les barricades ne sont pas loin de s'élever sur le pavé de Paris...
 
 Signée Didier Decoin, cette adaptation académique offre un résumé fidèle quoi qu'assez superficiel de la trame du roman de Victor Hugo. Mais elle semble parfois se réduire à une longue succession d'images d'Épinal, des chandeliers d'argent à la mort de Gavroche en passant par Cosette portant son seau d'eau dans la nuit...
 
 Autant de passages obligés qui ressemblent un peu trop aux mille versions déjà vues des "Misérables" pour hisser au rang de chef-d'oeuvre cette nouvelle mouture, étonnamment désuète quand on sait que cette superproduction a coûté la bagatelle de 165 millions de FF (environ 34 millions $ CA)!
 
 Ce feuilleton bénéficie toutefois d'une très honnête interprétation. Gérard Depardieu trouve en effet en Jean Valjean un rôle aux dimensions de sa pesante carrure, et dans ses coups de gueule de truand comme dans sa douceur de père adoptif, il fait mouche. Idem pour John Malkovich/Javert, glacial, exaspérant dans son rôle de chasseur monomaniaque. Quant à Christian Clavier, convaincant en Thénardier, il a su pour une fois rester sobre.
 
 Enfin, si Virgine Ledoyen incarne une charmante Cosette, le choix d'Enrico Lo Verso en Marius risque de surprendre le public français, mais coproduction oblige, plusieurs seconds rôles sont incarnés par des acteurs italiens ou allemands.

Gracieuseté de : http://www.alouettes.net

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