Henri IV
(Pau 1553-Paris 1610)
Roi de Navarre (1562-1610) et de France (1589-1610), premier roi de la
dynastie Bourbons.
Une jeunesse au milieu des guerres de religions
Fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, il reçut en Navarre une
éducation à la fois rude et libre. Il fit un premier passage à Paris
entre 1561 et 1562 qui fut interrompu par la mort de son père.
Intelligent, il fut aussi partagé toute sa vie entre l'ambition militaire
et politique, et les plaisirs comme la chasse et la chaire. Peu enclin aux
études, il rejoignit à 15 ans l'armée protestante au début de la
troisième guerre de religion, en 1569. Il assista aux batailles de Jarnac
et Moncontour au côté de son oncle Condé et de l'amiral de Coligny. Après
ces défaites protestantes, le jeune prince alla guerroyer dans le Midi ;
batailles modestes mais menées avec succès. La campagne prit fin avec la
paix de Saint-Germain en 1570, et il retourna dans le Béarn.
Dans le cadre de la réconciliation des partis catholiques et protestants,
Catherine de Médicis et sa mère organisèrent son mariage avec
Marguerite de Valois. La réconciliation tourna court pendant les noces et
s'acheva en bain de sang la nuit de la Saint-Barthélemy (24 août 1572).
Tous les protestants furent massacrés sauf lui et le prince de Condé. Il
ne dut son salut qu'en échange d'une conversion forcée : "la mort
ou la messe" leur cria Charles IX en fureur en leur montrant un
monceau de cadavres. Il fut ensuite retenu captif au Louvre et resta
surveillé de près. Mais son caractère sociable lui permit de s'intégrer
à la vie de la cour. Il se lia même d'amitié avec les Guise,
s'abandonnant à tous les vices pratiqués à cette cour. Il toléra les désordres
de sa femme, y répondant publiquement par les siens.
Entre 1572 et 1589, les guerres de religions et les périodes de paix se
succédèrent, souvent rythmées par les moyens financiers des belligérants.
En 1576, Henri de Navarre quitta secrètement la cour d'Henri III, abjura
le catholicisme et partit reprendre la tête de ses troupes. La guerre
dura toute l'année 1577 et se termina par la paix de Bergerac, défavorable
aux Protestants. Elle reprit en 1579. Les Protestants reprirent plusieurs
places fortes, dont Cahors. Elle se termina dans la lassitude en 1580.
La guerre des trois Henri
En 1584, la mort du cadet des Valois, Hercule-François, duc d'Anjou,
ouvrait au roi de Navarre la perspective du trône de France. La guerre
reprit aussitôt, c'était la huitième guerre de religion. Henri de
Navarre fut attaqué à Nérac par Mayenne, le frère d'Henri de Guise.
Mais il reprit des villes perdues lors de la guerre précédente. En 1587,
alors qu'il se portait au devant de renforts venus d'Allemagne, il fut
forcé au combat à Coutras par Joyeuse, le favori d'Henri III, qui mourut
dans la bataille ; la victoire fut complète pour Henri de Navarre. Il y
avait encore démontré ses talents de général autant que de soldat, car
il participait aux batailles avec bravoure. Les batailles se succédaient,
aucun des partis ne cherchant vraiment à aller jusqu'au bout des
campagnes. Henri de Navarre n'avait en réalité aucune envie d'affaiblir
Henri III qui était par ailleurs menacé par la Ligue menée par Henri de
Guise. La Ligue poussa d'ailleurs Henri III à fuir Paris et à demander
l'aide de son beau-frère. Henri de Navarre devint alors le sauveur de
l'honneur royal. Mais Henri III, qui venait de faire assassiner Henri de
Guise, fut à son tour mortellement blessé par un moine ligueur. Il désigna
alors qu'il agonisait Henri de Navarre comme son successeur.
Son titre de roi était théorique. En pratique, il était encore
excommunié par le pape, Paris était rallié à la Ligue et les chefs de
l'armée royale refusaient de servir un hérétique. Il s'engagea donc à
se faire instruire de la religion romaine. Mais les promesses ne
suffisaient pas et son propre parti commençait à le lâcher. Le risque
était un morcellement de la France, une nouvelle féodalité dans
laquelle les chefs catholiques et protestants pouvaient espérer jouer un
rôle plus important que dans une France unifiée. Henri continua pendant
ce temps d'être harcelé par Mayenne, puis il reprit sa marche sur Paris.
Mais ces actions, comme celles de ses ennemis, étaient freinées par le
manque d'argent.
En 1590 au bourg d'Ivry, il remporta une victoire décisive sur Mayenne,
toujours en se mêlant à la bataille avec bravoure. Cette bataille fut
catastrophique pour la Ligue et livrait Paris au nouveau roi. Mais prudent
à cause des désordres de son armée, il préféra en faire le blocus.
Tandis que la famine menaçait Paris, il se montra bon prince et accorda
le ravitaillement. Le siège dura et Henri fut de nouveau attaqué par
Mayenne et le duc de Parme. Le conflit pourrissait, mais surtout au profit
du roi : la Ligue se fissurait en factions rivales. Par ailleurs, Henri se
décida finalement à se convertir. Il fit une trêve avec Mayenne et alla
abjurer à Saint-Denis. C'était le coup de grâce pour la Ligue qui
perdait sa raison d'être. Le comte de Brissac, à qui Mayenne avait confié
Paris, décida de traiter avec le roi pendant qu'il en était encore
temps. Henri et son armée prirent place au Louvre très discrètement,
dans la nuit du 22 mars 1593. Il n'avait pas revu le Louvre depuis 20 ans.
Le trône de France
Installé au Louvre, il chercha la réconciliation des partis. Mais
Mayenne aidé par les Espagnols n'en voulait pas. Henri partit à sa
rencontre et l'isola dans sa Borgogne. Mayenne proclama le rattachement de
la Province à l'Espagne. Les Espagnols venus en renfort furent défaits
et la Bourgogne resta à la France. Mais pendant ce temps, le gouverneur
des Pays-Bas attaqua la Picardie. Plusieurs villes tombèrent aux mains
des Espagnols. C'est là que le pape changea de politique. Il préféra
donner l'absolution au roi de France, pour le renforcer et contrebalancer
la puissance espagnole, trop influente en Italie. Henri IV s'affermissait,
mais les finances du pays étaient au plus mal.
En 1598, il reprit quelques places fortes en Picardie et signa la paix de
Vervin avec Philippe II, lui aussi bien affaibli par la guerre de libération
des Flandres et le harcèlement maritime anglais. La même année 1598, il
accorda aux protestants la liberté de culte par l'Édit de Nantes (liberté
de conscience, égalité de charges et d'honneurs, ainsi que des places de
sûreté). C'était la fin des guerres de religions.
Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France
C'est à ce moment là qu'Henri IV chargea Sully, son plus fidèle
conseiller depuis de longues années, de superviser les finances royales.
La gestion rigoureuse de ce dernier redressa l'économie du royaume qui
fut même bénéficiaire à partir de 1605. Il favorisa l'agriculture,
souhaitant que tout paysan dispose d'une "poule au pot" le
dimanche. Il chercha pour cela l'aide d'Olivier de Serres qui avait monté
une ferme modèle dans son domaine du sud de la France ; mais celui-ci
peina à promouvoir ses méthodes nouvelles au reste de la France rurale.
Henri IV connu davantage de succès avec le commerce et l'industrie,
facilitant la circulation des marchandises en abolissant de nombreux péages.
La France retrouvait son prestige et son influence en Europe.
Il fit annuler son mariage avec Marguerite de Valois dont il n'avait pas
eu d'enfant et dont il était séparé depuis 15 ans. Le doute sur le
consentement des époux servit de justificatif. En 1600, il se remaria
avec Marie de Médicis qui lui donna quatre enfants dont le futur Louis
XIII.
Cependant, sa politique religieuse réconciliatrice entretenait une
opposition haineuse. Il lui fallait en permanence se méfier des complots
et des attentats. Le 14 mai 1610, alors qu'il sortait du Louvre, son carrosse
s'engagea dans la rue de la Ferronnerie. Celle-ci était bouchée à son extrémité
par des chariots et le carrosse dut s'arrêter. Comme le temps était bon,
les portes étaient ouvertes. La plupart des valets étaient à pied et
avaient pris de l'avance. C'est alors qu'un fou s'élança vers le
carrosse, monta sur une des roues et poignarda le roi. Le roi cria
"Je suis blessé !" Et l'assassin en fureur renouvela ses coups,
tuant le roi sur place. L'assassin qui ne cherchait pas à s'échapper
s'appelait François Ravaillac. Il prétendit avoir agit seul, mais
certains soupçonnent qu'il a été manipulé par l'entourage de la Reine,
favorable à l'Espagne. Il fut torturé et écartelé.
La mort d'Henri IV fut un grand choc en France et en Europe. Son fils,
Louis XIII, n'avait que neuf ans et la régence fut exercée par Marie de
Médicis conseillée par Concini.
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