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Ce qu'étaient les radioamateurs au début...
Par définition un radio amateur est un passionné de technique radio qui construit lui-même son matériel (émetteurs hautes fréquences, récepteurs, antennes,
manipulateurs morse, etc.), qu'il expérimente ensuite sur l'air en communiquant avec d'autres radioamateurs sur des fréquences attribuées et bien définies.
Les conversations doivent être d'ordre technique, ça c'est ce qu'il y a de marqué dans le réglement si on prend la peine de le lire.
La société de consommation étant passée par là a tranquillement mais sûrement détruit cet esprit. La grande majorité des radioamateurs actuels ne s'intéresse plus à la
technique et préfère acquérir des appareils commerciaux. Nombreux sont ceux qui ne savent pas combien il y a de pattes sur un transistor et ne s'en soucient pas, çà ne les intéresse pas.
J'en ai même lu un sur un forum radioamateur qui demandait dans quel sens placer le fusible sur son appareil...
Petit rappel historique: en 1923 deux amateurs radio, le Français Deloy (8AB) et l'Américain Shnell (1MO) réussissent à faire la première liaison radio bilatérale
transatlantique sur 3Mhz avec du matériel qui ferait sourire certains aujourd'hui, "Comment çà ? pas d'affichage digital, pas de DSP ni de petits boutons chromés ??? et ils y sont arrivés ????, non mais LOL quoi !". En ce temps-là les
liaisons transcontinentales Europe/Amérique se faisaient par câbles immergés au fond de l'Atlantique. En ce temps-là pour se construire un émetteur on allait s'acheter un tube ou deux dans les surplus
militaires. En ce temps-là on se taillait les résistances dans des mines de crayon et les condensateurs dans des plaques d'alu. Et avec tout çà on se fabriquait un émetteur/récepteur ondes-courtes. C'était le moyen-age de la radio, dans les QSO (1)
on ne parlait pas de la fonction cachée du dernier YEASU mais comment fabriquer un condensateur variable avec une boite de conserve.
En ce temps-là on s'amusait.
Petite visite sur le site de Claude F2FO http://paillard.claude.free.fr/ . Allez-y, on y voit un vrai Radioamateur fabriquer une triode avec du matériel home-made. Ce monsieur fait de la radio...
Depuis une trentaine d'année nous sommes passés d'une communauté de bricoleurs expérimentateurs avertis et curieux à une population de cbistes licenciés. Les expérimentateurs ont fait place à de simples
utilisateurs licenciés.
Quand j'ai commencé la radio dans les années 70 on pouvait entendre sur l'air une bande de joyeux lurons qui testaient et parlaient de leurs bidouillages home-made
en tous genres, VFO, petit TX, boite d'antenne, etc. Bien sur tout le monde n'avait pas le même niveau technique mais ceux qui ne savaient pas apprenaient et ceux qui
savaient aidaient, on pouvait poser des questions il y avait toujours quelqu'un pour répondre. Et tout le monde progressait.
La radio d'amateur de l'époque était l'ancêtre des Fablabs d'aujourd'hui.
En ce temps il n'y avait que deux sortes de licences, la F1 avec un examen technique et la licence F6 technique+télégraphie. Si on voulait obtenir
sa licence F1 (bandes VHF/UHF) ou F6 (Déca/VHF/UHF) il fallait bosser dur la partie technique, se donner la peine. La licence se méritait, çà forçait les vocations
et on était fier quand on recevait enfin son indicatif. Bien sûr, une fois la licence en poche quelques-uns s'empressaient aussitôt d'oublier tout çà pour se concentrer sur leur micro, mais dans l'ensemble le niveau était bon...
On reconnaissait les bidouilleurs, les phonistes avaient parfois un effet cathédrale sur leur modulation, les graphistes avaient parfois des VFO montés sur roulettes... je likais, c'était bien. Nostalgie.
Les anciens se rappellent forcément de M. Sigrand, l'OM qui sillonnait la France pour faire passer la licence aux jeunes prétendants. On allait le chercher à la
gare, ambiance silence dans la voiture, passage de l'examen dés l'arrivée à la maison. Monsieur Sigrand commençait par tourner autour de la station avec son champ-mêtre pour
vérifier les fuites éventuelles de HF. Gros stress... Ouf çà passe ! Il posait les questions techniques pour évaluer le niveau, examen de télégraphie si on prétendait à la F6. Petits
conseils genre:
"- Ne tapez pas sur votre manipulateur, tenez le bouton entre le pouce et l'index et bougez juste le poignet!". Il ne se déridait et n'acceptait un café qu'à la fin de l'épreuve. Le retour
pour reconduire M. Sigrand à la gare était beaucoup plus sympathique et on parlait construction radio. Des moments qui restent.
Et quelques jours après, on recevait enfin le fameux carton rose.
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2014, retour à la radio et questions essentielles
Le 5NNTU
Je trafiquais à l'époque avec un FT101 Yeasu, les aléas de la vie ont fait que j'ai du revendre tout mon matériel et stopper le radioamateurisme pendant une trentaine d'années. J'ai repris cette activité à la retraite, plus de matériel donc je me suis
bricolé un petit truc vite fait, un petit trcx bricolé et un morceau de fil dans les arbres pour commencer à trafiquer et voir venir. Premier QSO en CW, tout content de reprendre ma vieille passion, un YU sur 40m, chouette. Pas le temps de poser le
doigt sur ma pioche le gars me passe 5NNTU, me jette et passe à un autre correspondant, même pas un 73, jeté comme une vieille godasse.
Mais heuuuuuu..... je voulais faire du morse moi !!
J'ai fais d'autres QSO, pu passer quelquefois RST, Name et QTH, oser un HPE CUAGN 73, mais le plus souvent je me suis pris un 5NNTU dans les dents, çà semble être devenu la norme. C'est çà les radioamateurs d'aujourd'hui ?, on ne cause plus ?
Faire de la phonie ce n'est pas mon truc, si je veux parler dans un machin j'ai mon smartphone, mon plaisir c'est la graphie mais si les bandes CW sont devenue pauvres à ce point, est-ce que çà vaut le coup de se relancer dans le truc ? bof.
Désappointement et grosse reflexion, la radio c'était ma passion mais pas question de faire un gros chèque sur un appareil plein de boutons chromés pour se restreindre à des 5NNTU.
Si le trafic est devenu inintéressant à ce point je laisse tomber l'affaire et je me concentre sur la partie technique, je trouverai mon plaisir dans la construction. Je vais reprendre tout à la base comme nos pionniers, tout sera construction home-made. Désormais
le mot d'ordre est:# MCBDLS # (Matériel Commercial BanniDe La Station).
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5NNTU (bis) et manipulation électronique
Les afficionados du 5NNTU sont-ils des télégraphistes ? vraie question.
Par expérience si je lance des CQ avec mon manipulateur électronique on me répond, bien que les QSO se limitent souvent à un 5NNTU, si j'utilise un manipulateur traditionnel (double ou semi-automatique) je peux pomper pendant des heuressans avoir
aucune réponse.
Quelques petites expériences de taquin, je lance CQ à l'électronique et quand je pêche un correspondant j'enchaîne avec un manipulateur traditionnel (double ou vibro)... verdict: plus personne en face, ou bien je reçois un "QSB", c'est encore la faute à la propagation si le gars ne me comprends pas.
Donc, soit le gars en face est un graphiste médiocre, capable de ne lire que de la manipulation aseptisée, soit il utilise un PC pour faire de la CW.
La télégraphie est devenue pauvre.
Autre constat, on entend souvent des OM passer des CQ à grande vitesse (40WPM voire plus), souvent les mêmes qui ne passent que des 5NNTU. Si on leur répond à la même vitesse la plupart du temps il n'y a plus personne en face. Manipuler vite est à la portée de tout le monde, lire
vite demande du travail et de la pratique.
C'est le gros problème des débutants, ils apprennent tous la CW avec un manipulateur électronique, un engin qui produit des traits et des points parfaitement calibrés, le seul travail de l'opérateur étant de trier ces points et ces traits. Dans ce cas le cerveau
n'est pas entraîné à modeler les chiffres et lettres et donc incapable de les lire.
Petite suggestion aux OM's qui se reconnaîtraient dans le tableau brossé ci-dessus: prenez une pioche et un livre, entraînez-vous à manipuler le texte en local, enregistrez-vous, puis écoutez-vous. Posez-vous la question: est-ce de la belle graphie ? dans la négative
continuez à vous entraîner et vous verrez avec un peu de pratique, faire de la vraie télégraphie çà peut-être passionnant.
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Autodidacte
J'ai découvert la radio au début des années 70 à l'age de 18ans, en rendant visite à un radio-amateur local suite à un article paru dans le journal. Des étagères pleines de trucs bidouillés, des manipulateurs morse sur les tables,
petite démonstration de titititaaa, j'ai tout de suite été impressionné par ce monde magique. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque ou le portable n'existait
pas encore, mes parents n'avaient même pas le téléphone, alors des passionnés qui construisaient leur émetteurs/récepteurs ondes-courtes et qui discutaient entre eux en morse... Imaginez !!!
WAAHHH! mais on peut vraiment faire tout çà ? J'achetais dés lors la revue Radio-Plans, sans tout comprendre, les pages étant bourrées de schémas électroniques qui
n'étaient alors que du charabia pour moi. J'ai pris le taureau par les cornes et me suis inscris aux cours par correspondance de l'époque, l'Institut Electro-Radio
puis à l'Institut Eurelec dont on pouvait trouver les pubs dans la revue Le Haut-Parleur. Les premiers montages électroniques que j'ai réalisés étaient à lampes, la
technologie de l'époque. Commencer par les lampes et jouer aujourd'hui avec des microcontrôleurs, je me dis qu'on vit une époque formidable. J'avais d'abord commencé par faire
de la réception OC en bidouillant le gros récepteur à 8 tubes que j'avais monté avec mes cours. J'avais installé dans la cour de la maison familliale un mât de 8m tenu par des
haubans supportant un dipole inversé. J'ai ensuite fait une carrière de RadioTélégraphiste dans la Marine Nationale, un univers où le Radio de bord est capable d'utiliser, entretenir et dépanner son matériel, en mer il
n'est pas question de s'amarrer à un trottoir et attendre Darty.
J'ai passé ma première licence Radio-amateur en 1975 à Djibouti, alors encore Territoire Français des Afars et des Issas, on m'a attribué l'indicatif FL8JC, c'est
là que j'ai fait mes premières armes. Deux ans après j'obtenais ma licence Française pour devenir F6FCO. J'ai ensuite été FO8HA en Polynésie Française pendant 2 ans.
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L'envers du décor, dont les chasseurs de DX ne se doutent pas
Comment ces deux calls FL8JC (Territoire Français des Afars et des Issas, années 70) et FO8HA (Polynésie Française, années 80) m'ont définitivement dégouté du DX.
J'ai eu l'occasion d'être une station rare,
on peut même dire très rare étant donné que j'étais le seul à l'époque à pratiquer la CW sur le territoire. Au premier CQ c'était carrément une porteuse qui me répondait tellement il y avait de monde à l'affût en face.
Ca m'a amusé un moment, contacter plein de stations de pays différents facilement, trop facilement même, je n'avais qu'à choisir dans la foule en face. Recevoir plein de QSL, envoyer plein de QSL, à l'époque tout se faisait
par courrier, j'avais une boite postale à l'office des PTT de Djibouti et je revenais rarement avec moins d'une vingtaine de QSL par jour. Ca a été plaisant un moment, dés que je me mettais sur la QRG j'étais la star, jamais connu le CQ sans réponse:
un coup de "CQ de FL8JC" et paf !, un mur de réponses en face.
Et puis passer toujours la même rengaine en CW est devenu répétitif et ennuyeux, j'avais envie de causer avec des copains, tailler la bavette en CW avec
un pote c'est plus mon truc que passer des RST, name et QTH à la chaîne. J'étais alors radio à la station réception FUV de Djibouti, plus tard à la station FUM de Mahina/Tahiti, à l'époque l'essentiel du trafic pro passait en
graphie, autant dire que je m'éclatais plus au pro qu'en tant que radioamateur, un comble. Alors parfois quand j'arrivais à trouver un francophone ou un étranger qui causait Français on essayait de discuter, moi tout content
de pouvoir faire de la vraie télégraphie et lui tout content de pouvoir tailler la bavette avec une station rare.
Mais c'est que tous les autres en face ne l'entendaient pas de cette oreille, ils voulaient leur DX et leur QSL et ne nous laissaient pas à notre plaisir, quand j'émettais pas de souci pour mon correspondant il m'entendait
nickel mais dés que je relâchais le manip la porteuse d'appels reprenait et je le perdais au milieu. Une foule de femmes en furie à l'ouverture d'un grand magasin de soldes !!!
J'avais beau passer "NO QSL" en boucle pour avoir la paix, rien n'y faisait. Ca s'est passé de la même façon lors de mes deux séjours outre-mer, au retour en métropole toutes les QSL partaient à la poubelle et je me réfugiais
sur le 40 et le 80m pour enfin faire de la vraie télégraphie tranquillement. Rien n'a changé depuis, plus de DX et surtout pas envie de faire partie de la meute.
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Abréviations
Pour les non radioamateurs, dans le texte figurent quelques définitions utilisées par les radioamateurs, certaines tirées du code Q international:
QSO: Liaison effectuée avec un correspondant.
QRM: La fréquence est brouillée.
QSB: La propagation fluctue.
QSD: vous manipulez mal.
QTH: Lieu de résidence du radioamateur
DX: Liaison très longue distance entre deux correspondants.
QSL: Accusé de réception, un petit carton illustré que les radioamateurs s'envoient parfois pour formaliser un contact.
CW: Trafic en code morse.
HF: Hautes fréquences.
CQ: Appel sur la fréquence.
CQ de FL8JC: Appel général de FL8JC.
RST: nombre à trois chiffres qu'on envoie au correspondant pour lui signifier la force, lisibilité et tonalité de son signal, de nos jours c'est devenu presque systématiquement "5NNTU", ce qui n'a plus aucun sens.
40m: Bande HF des 7MHz.
80m: Bande HF des 3.5MHz.